l’Équipe de valorisation des torchons et paillassons

Commanditaire(s)
  • La Chambre d'eau (59)
Concepteur(s)
  • duo ORAN

Les rencontres avec les résident.e.s, rythmées par des questions au sujet de leurs torchons, nous ont permises d’échanger autour de leurs problématiques domestiques et de voisinage. Le torchon est un objet fonctionnel trivial associé à la saleté, mais c’est aussi un support d’éléments graphiques tissés, brodés ou imprimés. Il est souvent le témoin d’un récit où s’entremêlent histoires familiales, parcours de vie ou engagements professionnels. C’est au cour de ces discussions que nous avons été attentifs à ce que nous appelons des « figures affectives », sorte d’icônes qui donnent de la joie, de la force et du courage pour « essuyer » les difficultés et les échecs de la vie. Ainsi, une personne âgée nous raconte que son torchon préféré lui vient de l’Hôpital de la Salpêtrière où elle a travaillé en tant que femme de ménage pour se rapprocher de son mari alors hospitalisé. Elle se souvient de moments réconfortants passés avec  lui dans cet endroit : c’est lorsqu’ils regardaient ensemble « Sissi l’impératrice » à la télévision. De cette manière, Romy Schneider se retrouve imprimée sur le tapis du hall de l’immeuble en compagnie de Buddha et d’une carpe, fruits des échanges avec les voisins et voisines. Les autres éléments graphiques ornementaux sont directement issus des motifs des torchons. Enfin, les gammes colorées et le style graphique ont étés définis par rapport aux contraintes techniques de l’entreprise de fabrication de tapis.

Une fois le protocole de discussion et les motifs des six tapis finalisés, il s’est écoulé deux mois avant que les objets ne soient produits et livrés par l’entreprise partenaire. Nous avons alors pris en charge l’installation des tapis dans les halls. En répétant les usages du quartier, nous avons fait le tour des immeubles en klaxonnant, les tapis dans le coffre de notre voiture. Les résident.e.s ainsi interpelées sont descendues, et nous avons pu recueillir les avis et impressions face à l’arrivée de ces nouveaux objets. Si les réactions étaient chargées d’émotions positives, elles étaient aussi teintées de craintes et d’appréhensions. Un certain nombre de personnes nous ont exprimé leur peur de voir ces objets volés ou dégradés. En effet, tout au long de notre immersion, nous avons été témoins de la difficulté des habitant.e.s à se projeter dans les espaces communs et de leur méfiance face aux relations de voisinages et à la délinquance. Nous avons relatés ces réactions au bailleur social en l’invitant à se positionner sur l’avenir de ces tapis. Finalement, ce projet ne constitue pas la résolution d’un problème, mais se présente comme le révélateur d’un récit social et politique alternatif. Il s’agit d’une proposition à penser la question des espaces que nous partageons et dont nous sommes souvent dépossédés, tout en mettant en relation des résident.e.s, une municipalité, une structure culturelle, un bailleur social et une entreprise locale. 

Non recherche-action plateforme socialdesign
Cadre budgétaire
  • 3500€ (résidence de création)
Temporalité du projet
  • 2 mois
Localité
  • Quartier du Grand Parc, 59550 Landrecies
Partenaire(s)
  • Habitat du Nord
  • Municipalité de Landrecies
  • Résident.e.s du quartier du Grand Parc
  • La Chambre d'eau
Entreprises sollicitées
  • entreprise Décopub à Cambrai (réalisation des tapis)
Lien projet
oran-g.com
Appel à publication
2021