L'expression du soin, une exposition - 10e Biennale Internationale Design Saint-Etienne

Commanditaire
  • Cité du design
  • Gérontopôle de Saint-Etienne
Concepteur
  • plateforme socialdesign
  • commissaires Roxane Andrès et Nawal Bakouri

Exposition au living lab santé vieillissement de la Cité du design, 18 rue de la République, Saint-Etienne, du 9 mars au 9 avril 2017

avec les projets de Roxane Andrès - Isabelle Daëron - Sophie Larger - Max Mollon

Le soin n’est pas seulement la part thérapeutique, celle qui soigne directement et rend la maladie ou le vieillissement réversible, c’est aussi une part d’attention portée à l’autre simplement par l’écoute, le regard, l’échange, la parole, le toucher, la stimulation, le plaisir. L’autonomie, le confort, le beau, la bienveillance, le choix, ne peuvent-ils pas procurer plaisir et soin ? Un objet pourrait il être bienveillant, donner des signes de l’accompagnement qu’il prodigue ? Qu’en est-il de la bienveillance de nos objets et de notre environnement pour les personnes âgées ou vulnérables ?
Partant de cette interrogation, L’expression du soin propose de mettre en dialogue avec vous cinq objets/projets. Dans le domaine du soin, le design est souvent cantonné à la performance médicale, les outils chirurgicaux, les prothèses, la connectivité, l’ergonomie. Les objets présentés ici n’ont pas vocation à être produits, commercialisés ou industrialisés. Ce sont des pièces uniques ou des prototypes, des objets contextuels qui interrogent le regard que la société porte en général sur le vieillissement, ou proposent simplement d’autres paradigmes. Ils sont des objets discursifs, communicants ou f(r)ictionnels comme aime à les nommer Max Mollon. Il s’agit pour nous de poser des questions et de collecter des ressentis. L’exposition devient le prétexte pour parler des attentes que nous avons quant à la sécurité, ou l’accompagnement des personnes vulnérables, et soulève des questions d’éthique médicale. Il s’agit d’interroger ladite bienveillance des objets. Pourquoi travaillons-nous à réparer, pourquoi le design travaille plus à outiller l’incapacité, qu’à accompagner la capacité ou la capacitation ? Le projet Senior mobile, par sa simplicité, empêche le relâchement du corps qui doit se prendre au jeu et rester vigilant, actif, il favorise la mobilité de nos ainés ainsi qu’une image positive et plaisante de leurs corps rendus actifs. Cette exposition ne permet pas de faire un test pour vérifier ou valider l’efficacité des objets présentés, mais bien de titiller les représentations que nous avons, nos peurs, afinn de permettre de changer les paradigmes de réflexions ou les convictions que nous avons face à la conception et les usages des objets dans le domaine du soin.

CECI EST UNE CAUSEUSE 

La causeuse est ce petit canapé bas où peuvent s’asseoir deux personnes pour converser. Tant dans son appellation que dans sa forme, elle incarne le dialogue. Objet chaleureux par excellence, la causeuse n’induit pas forcément un échange verbal. Par ailleurs, l’objet illustre symboliquement le choix qui s’offre à nous, après s’être assis, de converser ou non avec la personne à nos côtés ou d’uniquement choisir de regarder silencieusement dans une même direction...
La causeuse est un objet extrait d’une commande de l’association France Alzheimer, pour représenter de manière sensible son action : accompagner, prendre soin. 

Ceci est une causeuse - Isabelle Daëron (2015) 

LE VALET DISCRET - 

Version 1.0 (recherche) « Inquiétant ou familier, le valet discret questionne un environnement qui, comme par mimétisme, vieillirait avec nous. » 

Dans l’histoire des objets bienveillants, accompagnants nos vies quotidiennes, le valet est celui qui se fait discret, qui vient prendre soin de nos a aires, il les porte jusqu’au lendemain, il les maintient à disposition. Il s’inscrit dans cette tradition mobilière d’objets accompagnants dont le nom évoque des personnes bienveillantes, ou rendant service : le confident, la coiffeuse, la causeuse, le secrétaire, le serviteur muet, etc.
Ici, le meuble est pensé comme une chimère à la croisée du porte manteau, du dossier de chaise de la table de nuit, voire du déambulateur. Le Valet discret invite à la réflexion sur l’environnement des personnes âgées, leur espace domestique, familier, et sur l’intrusion d’un matériel médicalisé invasif. Quelle rencontre possible ? Quelle évolutivité de la notion de chez soi ? Que serait un objet qui évolue en même temps que la personne et son histoire ?
Les objets du quotidien, notre environnement familier, pourraient-ils être doués d’empathie, se transformer et évoluer selon l’âge qui avance, selon notre état ? Pouvons-nous imaginer que notre environnement vieillisse avec nous ? Ce meuble est-il un re et de la vieillesse ou est-il en train de vieillir lui-même ? Comment penser un environnement miroir, re flétant, s’accordant et dialoguant avec les changements d’identité, de morphologie, liés au vieillissement tout en restituant un espace narratif ? 

Le Valet discret - Roxane Andrès (2017) 

ENQUÊTE COLORÉE 

L’expression de la vieillesse - Temps 1 

— « Vieillir, c’est se décolorer, être transparent. » (Annie Ernaux)
— « La vieillesse est un continent gris, indécis, voire indicible.» 

(Nicole Benoit-Lapierre) 

Non couleur, couleur absolue ou absence de couleur – le monde de la vieillesse serait-il transparent, incolore,
ou en nuances de gris ? Mais de quels gris parlons nous ? Un gris poussière, un gris crépuscule, un gris anelle,
un gris d’argent ? Quelles autres nuances pourraient être convoquées pour peindre un paysage coloré de la vieillesse, ou plutôt de son imaginaire collectif et individuel ? Un dispositif d’enquête est mis en place a n de faire émerger en plusieurs temps des nuanciers alimentés par les passants, les visiteurs de tous âges. Que pense un enfant de 8 ans sur la vieillesse ? Une personne de 65 ans se sent-elle vieille ? Quelles couleurs nous évoque ce sentiment ? La pyramide des âges sert de support pour réceptionner ces témoignages et met en dialogue les mots et les nuances. 

Enquête colorée - Roxane Andrès (2017) 

L’ ÉPHÉMÉRIDE 

“L’Éphéméride” est un (anti)calendrier pensé pour les personnes atteintes de maladie neuro-dégénératives incurables. Ce projet de Design Fiction n’a pas pour vocation d’être commercialisé, mais de provoquer la réflexion. Il fût utilisé lors de deux débats d’01h15, à l’Université d’été annuelle “MND & société” à Nantes (15/09/2015), auprès de 60 philosophes, soignants, aidants et patients – afin de structurer ensemble, les questions éthiques qui leur sont chères. 

L’Éphéméride – Max Mollon (2015) 

SACRe PSL, EnsadLab, Telecom ParisTech
Pour : Espace national de Réflexion Éthique sur les MND (Maladies Neuro-Dégénératives). Membre du plan national MND 2014-2019 du ministère de la santé.
Réalisation vidéo : Victoria Darves Bornos.
Un grand merci à Françoise. 

SENIOR MOBILE 

(diaporama en vitrine) 

Forts d’une expérience d’ateliers de danse sur chaise menés en 2013 dans la résidence Albert Jean, pendant lesquels certains patients ont retrouvé des mobilités et engagé des déplacements corporels inattendus, nous nous sommes engagés dans la réalisation et le design d’assises mobiles tirant pro t des capacités musculaires, même faibles, des personnes âgées à mobilité réduite. L’idée était de profiter du peu de frottement induit par un système de roues et de roulements à billes, pour permettre aux personnes de provoquer des mouvements en mettant en jeu la tonicité de leurs bras ou de leurs jambes. Plusieurs prototypes ont été imaginés et testés lors d’ateliers, menés avec une équipe de danseurs professionnels. 

Chaque prototype engage la personne dans une relation dynamique avec un ou plusieurs partenaires de jeu, et permet de recouvrer les sensations vitales de vitesse, surprise et plaisir liés à l’élargissement de la sphère kinesthésique et relationnelle, ivresse du déplacement et de la fluidité permise par les roues et augmentée par le désir de danser.
La beauté des objets et leur insertion dans un environnement musical et festif réveillent les souvenirs de bals et de rencontres. Elles incitent à reprendre le risque du mouvement, du contact avec l’autre.
Ces assises deviennent des objets intermédiaires interrogeant la personne fragile dans sa globalité d’être humain, social, avide de perspectives renouvelées. 

Senior mobile - Sophie Larger et/pour Vincent Lacoste (2017) 

 

  • 03/01/2017

    montage de l'exposition

  • 03/09/2017

    Ouverture au public

  • 04/09/2017

    Clôture de l'exposition