Convivialité et low-tech

Utile, accessible et durable, l’approche low-tech se veut aussi et surtout un moteur de convivialité, de partage, d’échange et de bien vivre ensemble. Les petits plats low-tech dans les grands de l’alimentation se font écho l’un à l’autre, dans l’instant et la perspective du bien vivre ensemble.

commissaire
  • Clément Chabot

Utile, accessible et durable, l’approche low-tech se veut aussi et surtout un moteur de convivialité, de partage, d’échange et de bien vivre ensemble. Ces dimensions, elles font l’âme de la table, de la gastronomie, du plaisir d’être rassemblé·e·s autour d’un bon plat, en famille, entre ami·e·s, collègues ou partenaires, de refaire société en petite ou grande tablée. Les petits plats low-tech dans les grands de l’alimentation se font écho l’un à l’autre, dans l’instant et la perspective du bien vivre ensemble.

Les projets de cette sélection sont, selon moi, un avant-goût d’un futur soutenable et généreux à apprécier sans modération.

De l’approche Slow Food avec l’Université des Sciences et des Pratiques Gastronomiques de Xavier Hamon, qui, en plus des cultures paysannes, bio, locales et de saison, remet en lumière l’importance de la diversité et la richesse des espèces et variétés locales et traditionnelles, propre à chaque terroir. En requestionnant également comment conserver, transformer, cuisiner, c’est avec le garde-manger, une approche rétro-futuriste très enthousiasmante. Comme le disait Jacques Berger « Nous devons voir les choses anciennes avec des yeux neufs ». Loin de couper avec l’héritage de nos ancien·ne·s, ces approches s’appuient sur le patrimoine, l’expérience, la sélection, l’interaction avec les milieux de milliers d’années d’humanité. 

Et là-haut, notre grand soleil, moteur de la production alimentaire, intègre plus qu’à l’habitude et si généreusement la longue chaîne de la terre à l’assiette. Avec NéoLoco, Arnaud Crétot m’émerveille, torréfacteur et boulanger solaire sous les rayons normands. David Szumilo en plus de ses poêles à haut rendement transforme ses productions en conserves, stérilisées en détournant astucieusement des tubes en verre, profitant des chaleurs de l’astre en fin de saison (du Soleil dans nos assiettes). Pour continuer dans cette nouvelle relation à l’étoile, l’équipe du restaurant Le Présage, à Marseille, offre une cuisine autonome s’appuyant sur le rayonnement solaire pour confectionner leurs meilleurs plats.

Pour faire le lien entre chacun·e, les maraichers-cyclistes de Cargonomia, Viencent Liégey en tête de peloton, sillonnent les rues de Budapest, chargeants leurs remorques et cargo des productions bio et ultra locales pour s’assurer un cycle avec moins de carbone et plus d’humanité.

Réduire l’intensité et la complexité de nos systèmes sociaux-techniques est l’enjeu de notre temps. Le défi relevé par chacune de ces personnes et leurs projets est de rendre cette démarche volontaire et désirable. A leurs tables ou sur leurs selles, le monde prend une nouvelle saveur, une vie plus sobre et heureuse nous tend les bras.

 

Clément Chabot

Suite à sa formation d'ingénieur il a travaillé dans l'aéronautique. Après quelques années dans ce secteur de la très haute complexité il a souhaité mieux comprendre son environnement proche pour y limiter son impact. Il co-fonde en 2016 le Low-tech Lab, au travers duquel il invite chacun à requestionner son quotidien par le faire et le partage, véritables moteurs du Low-tech Lab.

www.lowtechlab.org